Marion : la pleine conscience, une porte d’entrée vers le libéral

Pendant dix ans, Marion a exercé comme éducatrice spécialisée en institution : auprès d’adolescents en difficulté, dans un lieu de rencontre parents-enfants, ou encore au sein d’un SESSAD et d’une unité éducative d’accueil familial spécialisée.

Ce métier lui a offert de vrais atouts :

« Le travail en équipe et le soutien des collègues. Pouvoir réfléchir à notre pratique, mettre l’usager au centre de nos choix. Une paye chaque mois, et pas de charge mentale sur la question de mes cotisations sociales. »

Elle pensait alors avoir trouvé l’institution qui lui permettait de travailler dans de bonnes conditions : pouvoir « penser » sa pratique jusque dans le détail et faire du sur-mesure lui convenait parfaitement. Puis, l’incertitude quant à la poursuite de cette structure expérimentale (le risque de fermeture) a mis en lumière différents éléments qui ont amené Marion à se questionner sur son envie de poursuivre en institution (attentes grandissantes de la part de la hiérarchie et des financeurs, demande de plus d’investissement pour les travailleurs sociaux, moins d’espace de réflexion, « faire plus et penser moins »…).

À cela se sont ajoutés les premiers signes de difficultés, qu’elle ne reconnaissait pas comme tels à l’époque. Les signaux initiaux étaient surtout d’ordre émotionnel : incompréhension, agacement, déception face aux demandes institutionnelles et au manque de considération, ainsi qu’une diminution de son investissement.

Faute d’espace pour exprimer ses ressentis ou reconnaître les signes précurseurs, l’épuisement s’est abattu soudainement. Les besoins intenses de sa fille, à cette période, sont venus s’ajouter à cette charge et accentuer encore la difficulté.

« Fatigue (voire épuisement), colère et tristesse face aux demandes et choix institutionnels, manque de sens dans mon travail… Il fallait beaucoup donner, sans questionner nos propres besoins ni l’impact sur nos propres familles. »

La découverte de la pleine conscience

C’est une formation en pleine conscience qui agit comme un déclic. Marion se forme d’abord pour les enfants (Calme et attentif comme une grenouille), puis pour les parents et les professionnels, avec le souhait d’accompagner les adultes vers une éducation plus consciente. Elle devient instructrice mindfulness, et entrevoit un nouveau chemin possible.

« J’avais enfin de nouveaux outils qui pouvaient être utiles tant pour les enfants que j’accompagnais en institution que pour tous les enfants (et même les parents). Pour autant, intégrer cela dans mon travail fut difficile. J’ai donc quitté l’institution avec ce nouveau projet en libéral, en mettant de côté mes fonctions d’éducatrice. »

Au départ, c’est une collègue qui lui ouvre la voie :

« Une partenaire avec qui je travaillais en institution s’est lancée ES en libéral. À l’époque, je me demandais quel était son public cible, qui pouvait la payer. »

L’envie de se lancer

Ses envies professionnelles sont aussi nourries par des prises de conscience personnelles :

« Le défi d’être parent, le manque d’espaces proposés aux parents et aux enfants, alors qu’aujourd’hui les neurosciences ont apporté de nombreuses informations. »

Ces réflexions, ajoutées à un épuisement professionnel, la poussent un peu plus sur le chemin de l’exercice en libéral.

Organiser ses débuts

Le passage au libéral n’a pas été improvisé :

« J’ai réalisé ma première formation en étant encore salariée. Rapidement s’est enchaîné un arrêt de travail et une rupture conventionnelle. Je réalisais mes premiers ateliers enfants en groupes (familles privées, interventions dans les écoles et centres sociaux). En parallèle, j’ai continué à me former pour les « programmes parents ». Je ne travaillais plus en tant que salariée. J’avais besoin de temps et d’énergie pour pouvoir développer ce nouveau projet et couper avec mon travail en institution. Les financements de Pôle emploi m’ont aussi permis cette organisation. »

Ses premiers accompagnements

Au départ, Marion suit les trames de ses formations en pleine conscience. Mais très vite, elle ajuste ses pratiques aux besoins concrets des enfants, ce qui l’amène à poursuivre des formations complémentaires : accompagnement des enfants neuroatypiques (hypersensibles, HPI, TDAH, TSA), dessin comme outil thérapeutique, jeu non directif, animation de groupes de parole… 

« Une fois que j’ai débuté des accompagnements individuels, j’ai adapté les séances (fond et forme) aux besoins repérés chez les enfants, tout en gardant en tête les thématiques que je souhaitais transmettre. »

Si ses premiers programmes et accompagnements sont cloisonnés entre enfants et parents, elle finit par intégrer plus naturellement la famille dans l’accompagnement, en y ajoutant des outils éducatifs et de la guidance parentale.

Cette évolution a soulevé de nombreuses questions :

« Quelle place je laisse à chacun ? Comment faire intervenir le parent pour que tous travaillent et « cheminent » en même temps ? Sous quelle forme ? De quoi j’ai besoin pour pouvoir proposer un travail efficient ? Est-ce que je pose un cadre défini (objectifs, nombre de séances, durée…) ou est-ce que je fais du sur-mesure et laisse les personnes cheminer à leur rythme (même si la demande initiale et les objectifs ne sont pas clairs) ? »

Progressivement, elle réalise aussi qu’elle n’a pas à choisir entre ses différentes compétences.

« Au fur et à mesure que ma pratique professionnelle en libéral a évolué, je me suis rendue compte que je pouvais reprendre la casquette d’éducatrice spécialisée ».

Des missions multiples

Aujourd’hui, Marion propose différentes formes d’intervention : accompagnements familiaux, séances individuelles, interventions en institution, ateliers de groupe, conférences participatives, formations.

Son activité ne se limite pas à son rôle d’éducatrice spécialisée ou d’instructrice de pleine conscience. L’accompagnement familial fait pleinement partie de sa pratique, nourrie par l’ensemble de ses expériences et de ses compétences rassemblées dans une véritable boîte à outils.

Elle décrit ces espaces comme : « Des missions d’information, de responsabilisation et de soutien, qui sont des espaces d’ÊTRE à FAIRE dédiés à l’enfant, au parent et au professionnel de l’enfance. »

Les défis du début

Comme beaucoup, Marion a connu ses doutes : expliquer la pleine conscience, trouver le bon tarif, oser se présenter aux partenaires, apprendre à vendre ses programmes et pouvoir en vivre…

Elle les a dépassés grâce à l’action et à l’expérience :

« En passant à l’action, en prenant du plaisir lorsque je suis en séance et en atelier. En constatant que le bouche-à-oreille est la meilleure publicité. En acceptant de me faire accompagner et de vivre chaque défi/peur comme me permettant d’évoluer. »

Une activité en constante évolution

Depuis son congé maternité, Marion repense son organisation et ses priorités.

« Par exemple, ne plus faire d’interventions pour des familles ou enfants accompagnés par des services ou associations où mes missions sont celles d’un éducateur spécialisé (comme appris en formation selon le référentiel). Un temps d’introspection, de réflexion et de prise de décision est en route pour pouvoir faire évoluer mon entreprise qui évolue en même temps que moi. »

Elle s’attache à préserver des temps pour travailler sur son entreprise et à se ressourcer, afin d’accompagner dans la durée sans s’épuiser.

Ce qu’elle a retrouvé dans le libéral

Les bénéfices sont clairs : un meilleur équilibre, plus de plaisir, plus d’efficience dans ses accompagnements.

Lorsqu’il est question de refaire ce choix s’il le fallait, Marion répond :

« Sans hésiter ! Je me sens alignée ! Ce n’est pas toujours facile, mais je me sens riche de pouvoir continuer à évoluer et de pouvoir faire mes propres choix. »

Elle résume ainsi son cheminement :

« J’avais atteint mes limites en institution. Il m’a fallu du temps pour me rendre compte que naturellement, je faisais de l’accompagnement éducatif auprès des familles que j’accompagnais en individuel, et que ma formation et mes expériences d’ES me donnaient des compétences et une légitimité que je pouvais réutiliser. Il a fallu alors que je mixe mes différentes casquettes pour inventer mon travail. »

Son message aux éducateurs qui hésitent

« Faire le point sur ses motivations, ses compétences, ses envies, ce qu’il/elle ne veut plus faire.

Avoir acquis une certaine expérience pour trouver une posture juste.

Tout est possible, il y a plein de manières d’exercer notre métier.

Être parent aujourd’hui et être enfant aujourd’hui ce n’est pas toujours facile, alors ça se soutient. Un travail important d’information est nécessaire.

Nous pouvons proposer d’autres espaces aux familles pour les informer, les responsabiliser et les soutenir avant ou en complément des services existants (type ASE).

Travailler à son compte, surtout dans l’humain est un sacré défi (notamment celui de travailler nos peurs, notre rapport à l’argent, de ne plus se cacher derrière une institution) mais il est tellement riche personnellement. »

Un dernier mot…

Enfin, Marion souhaitait partager un message plus intime, qui montre à quel point son expérience personnelle nourrit sa pratique :

« Mon expérience de mère m’a permis de découvrir et de remettre en question certains de mes fonctionnements, principes, en requestionnant le sens, mes certitudes, en allant puiser dans mes ressources, pour finalement apprendre à mieux me découvrir, MOI.

« S’accepter tel que l’on est avec ce que l’on vit » a pris tout son sens lorsque moi aussi, j’ai vécu les premières tempêtes émotionnelles, ce fameux sentiment d’impuissance avec mon enfant.

La découverte du fonctionnement de Haut Potentiel Intellectuel de celui-ci est venue mettre en miroir mes propres particularités, mon hypersensibilité mais plus largement de partir à la quête de « comment je fonctionne » (mon corps, mes émotions, mes limites, mes croyances limitantes, mes besoins…).

S’est alors développé chez moi une nouvelle soif de ressentir, d’apprendre, de comprendre pour aujourd’hui partager. Comprendre, trouver des réponses théoriques, des outils, c’est important mais pas suffisant. Si l’essentiel se trouvait ailleurs ?

J’ai donc emprunté le chemin vers une parentalité plus consciente (pour moi et pour ceux qui viennent à moi). Il n’est pas toujours des plus faciles, mais tellement riche en apprentissage. Il conduit chaque jour vers une meilleure connaissance et acceptation de soi-même afin d’incarner la posture qui nous est juste. »

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📍 Coordonnées de Marion
DE MOI A TOI – Accompagnement familial
Marion Cruzalèbes – Éducatrice spécialisée libérale & instructrice de pleine conscience
📞 06.58.18.89.86
✉️ marion.demoiatoi@gmail.com
🌐 www.demoiatoi-pleineconscience.com

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Et vous, quelle serait votre manière de mixer vos casquettes pour inventer votre propre chemin ?

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