8 ans en accueil de jour et foyer de vie, principalement auprès d’adultes en situation de handicap. Un engagement fort, une passion pour le lien humain… et un jour, la fin d’un contrat. Une porte se ferme, une autre s’ouvre. C’est dans cette transition que Virginie a choisi de se lancer. Voici son témoignage.
Peux-tu nous parler un peu de ton parcours professionnel ?
J’ai travaillé pendant 8 ans en accueil de jour et en foyer de vie. J’ai accompagné principalement des adultes en situation de handicap, avec des profils très différents. Ce sont des années où j’ai beaucoup appris, sur le métier, sur les autres, sur moi aussi. J’aimais ce que je faisais, j’aimais la proximité, le contact humain, les petites victoires du quotidien. Mais j’étais aussi souvent frustrée par le cadre institutionnel, le manque de moyens ou de souplesse.
Qu’est-ce que tu aimais le plus à cette époque ?
Quand on travaille dans ce type de structure, on construit souvent des liens profonds avec le temps. On accompagne les mêmes personnes pendant des années, on devient un repère pour elles, et elles le deviennent aussi pour nous. Il y a une continuité, une vraie relation qui s’installe, avec tout ce qu’elle implique de confiance et de réciprocité. Et puis j’aimais le travail en équipe, quand ça fonctionnait bien. Vraiment, le sentiment d’être utile.
À quel moment tu t’es dit que quelque chose devait changer ?
C’est arrivé progressivement, comme une sorte d’usure. L’impression de tourner en rond, de ne plus évoluer, de subir des décisions avec lesquelles je n’étais plus toujours en accord. Et puis il y a eu la fin de mon CDD. J’aurais pu chercher tout de suite un autre poste en structure, mais quelque chose en moi avait envie d’autre chose. Je me suis dit que c’était le bon moment pour me poser les bonnes questions.
Comment as-tu découvert qu’on pouvait exercer en libéral ?
Par hasard, au détour d’une publication sur un groupe Facebook, je crois. Je suis tombée sur un post d’un éducateur indépendant qui racontait son quotidien. Je ne savais même pas que c’était possible, avant ça. J’ai creusé, lu des témoignages, exploré les statuts, les cadres. C’est là que j’ai eu le sentiment que cette voie était intéressante, et réalisable.
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’y réfléchir sérieusement ?
En premier lieu, l’envie de liberté, et de pouvoir construire mes accompagnements autrement. De pouvoir choisir les familles que j’accompagne et les personnes avec qui je travaille. J’avais envie de retrouver du sens, de la créativité, et surtout de ne pas repartir dans un modèle qui ne me convenait plus.
Comment t’es-tu organisée au début ?
J’ai pris le temps de réfléchir à ce que je voulais proposer, à qui je voulais m’adresser. J’ai commencé par faire un point sur mes compétences, sur mes envies, sur mes limites aussi. Et puis j’ai mis à jour mon CV, fait une micro-formation sur le statut d’auto-entrepreneur. J’ai aussi beaucoup observé ce que faisaient d’autres éducateurs.
Tu te souviens de ton tout premier accompagnement ?
Oui, très bien. C’était une maman qui cherchait un accompagnement à domicile pour son fils TSA. J’étais très stressée avant le premier rendez-vous, mais tout s’est bien passé. Je me suis sentie à ma place, et je me suis dit : « Ok, c’est possible ».
Tu as rencontré des difficultés au départ ?
Bien sûr. La peur de ne pas trouver de bénéficiaires, la peur de mal faire, de ne pas être légitime. Et puis toutes les démarches administratives, c’était un monde nouveau. J’ai dû apprendre à tout gérer : la communication, les devis, la compta…
Et comment tu les as dépassées ?
Simplement en y allant petit à petit. Je me connais, si j’avais essayé d’aller trop vite, je me serais sabotée. M’entourer d’autres professionnels m’a aussi beaucoup aidée, et j’ai accepté de faire des erreurs. Il y a eu des moments de doute et il y en a encore parfois, mais je garde toujours en tête pourquoi je fais ça.
À quoi ressemble ton activité aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je commence à trouver mon équilibre. J’ai quelques accompagnements réguliers, et j’explore de nouveaux projets. Je travaille à la fois avec des enfants et des adultes, c’était important pour moi de garder cette diversité. J’ai aussi plus de liberté dans mon emploi du temps, ce qui me permet de mieux gérer ma vie perso.
Qu’as-tu retrouvé dans cette manière d’exercer ?
Pas mal de choses ! Du sens, de l’autonomie, et surtout une forme de reconnaissance directe. Les retours des familles, le lien qu’on construit… c’est précieux et gratifiant, il faut le dire. J’ai l’impression d’exercer vraiment pleinement mon métier.
Si c’était à refaire, tu referais ce choix ?
Oh oui. C’est exigeant, parfois insécurisant, mais tellement riche. J’ai retrouvé de la motivation, de la créativité, et surtout, j’ai l’impression de pouvoir être vraiment moi-même dans ma posture professionnelle.
Quel message tu aimerais faire passer à un éducateur ou une éducatrice qui hésite ?
Osez vous poser la question. Le libéral, ce n’est pas pour tout le monde, mais c’est une vraie option. Et on peut y aller doucement, tester, ajuster, ce n’est pas tout ou rien. Mais surtout, ne laissez pas vos peurs décider à votre place, ça serait dommage.
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Changer de voie, c’est parfois retrouver le goût d’accompagner.
Virginie a choisi d’oser, au départ sans certitudes, mais avec conviction.
Et vous, quelle direction pourriez-vous prendre si vous écoutiez vraiment ce qui vous appelle ?
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